
111e Session du Conseil International du Cacao
L’appel à la transparence des prix et à la responsabilité des pays producteurs
C’est le cri d’alarme du ministre Camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana face à l’opacité du marché. En qualité de président en exercice de cette session, il a formulé cet appel le mardi 08 avril 2025 à Yaoundé à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des travaux.
« Le vœu du Cameroun est qu’on retienne de cette 11 e Session du Conseil International du Cacao qu’elle fut celle des jalons granitiques d’une chaine de valeur mondiale du cacao économiquement ,environnementale et socialement durable ,fondée sur les principes d’équité ,de transparence et de profitabilité partagée », ainsi s’exprimait le membre du gouvernement en présence du ministre de l’Environnement ,de la Protection de la Nature et du Développement durable ,Helé Pierre ,Grégoire Owona, du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Marie Thérèse Abena Ondoa ,du ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF ) , de Naseri Paul Bea , Gouverneur du Centre , du directeur Exécutif du Conseil International du Cacao (ICCO ) ,Michel Arrion ,de Aly Toure ,représentant permanent de la Cote d’Ivoire au sein des Organisations Internationales des Produits de Base à Londres et porte -parole des pays producteurs , des directeurs généraux de l’Office National du Cacao et du Café (ONCC) ,Michael Ndoping ,et Samuel Donatien Nengue du Fonds de Développement des filières Cacao et Café (FODECC ) , de Apollinaire Ngwe , président du Conseil Exécutif du Conseil Interprofessionnel du Café (CICC ) qu’accompagnait Omer Gatien Malledy secrétaire Exécutif ,des representants de l’UE,de l’ACRAM, du président du Réseau des parlementaires pour la Valorisation et l’Aménagement des Secteurs Cacao-Cafés, Coton et Pêche ;des représentants des Organisations patronales ,des délégués des pays producteurs ,des partenaires techniques et financiers …
Le choix de faire de la Ville de la Yaoundé la capitale du cacao du 07 au 10 avril 2025 témoigne selon le représentant du maire, de la reconnaissance par la communauté internationale du leadership dont a fait preuve le Cameroun dans le traitement des différentes problématiques qui minent la chaîne de valeur du cacao. Le cacao du Cameroun est devenu une référence sur le marché international. Le rappel historique est fait par Aly Touré : « Il y a 15 ou 20 ans, on ne pouvait pas parler des prix, de transparence à l’ICCO .Il a fallu des personnes de bonnes volontés, des gens courageux comme le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana pour aborder cette problématique sur la scène internationale .Actuellement, les prix ne sont pas mal, mais peut mieux faire. Quand on regarde la coupe des prix de 1974 à nos jours, il arrivait des moments où la tonne était à 15000 dollars US. Nous sommes à moins de dix mille .Mais, l’inquiétude qu’on a est que si les prix augmentent de manière importante, est ce que ça va nous profiter ? Donc il faut créer des conditions pour que cela nous profite, les prix sont bons mais, il faut que les marchés soient transparents .Si on n’a pas de chiffres sur les broyages, sur les stocks, sur les produits semi-finis, on ne peut pas élaborer les stratégies. J’en appelle au sérieux et à la responsabilité .Ayons le courage de nous mettre en cause .L’équipe plaide pour une augmentation des prix aux producteurs .Le combat des producteurs est celui des prix justes et transparents».
Regard tournés vers l’Asie
Pour y remédier, Michel Arrion trouve nécessaire la mise en place d’une Bourse africaine : « Nous avons atteint la bourse .Les prix sont fixés à Londres ou New York ce qui a un impact sur la consommation. La demande européenne et américaine est forte. Nous avons atteint un taux élevé de consommation, ajouté à la croissance démographique .Les regards sont désormais tournés vers le marché asiatique. Nous allons examiner la possibilité de mener une campagne collective de promotion du cacao en Asie .Le projet de création d’une Bourse africaine sur le Cacao est très important, pourquoi ne pas avoir une Bourse dans un pays producteur ? .En Afrique de l’Est ou Centrale. Ca permettra de coordonner ».
Au sujet de la faible rémunération des producteurs, pour le ministre du commerce, il ressort des travaux des experts que le producteur ne reçoit qu’environ 7 % de la valeur générée par le cacao. C’est trop peu. Il est revenu sur la leçon inaugurale de la Reine Mathilde, la Reine des Belges, à l’ouverture de la 5 éme Conférence Mondiale du Cacao ,le 22 avril 2024 ,à Bruxelles : « Lutter contre la pauvreté des petits producteurs de cacao, mieux les rémunérer grâce à des prix justes, mieux distribuer la valeur ajoutée tout au long de la filière menant du cacao au chocolat sont des thèmes qui me semblent très pertinents car, ils rencontrent de nombreux Objectifs de Développement Durables auxquels tous les Etats ont souscrit dans le cadre des Nations-Unies » .
Les paysans bien rémunérés élèvent le niveau moyen de prospérité d’un pays, ils peuvent envoyer les enfants à l’école et leur prodiguer des soins médicaux. Mais, il déplore le fait que : « Les producteurs ne reçoivent pour leur cacao qu’entre 5 et 10 % de la valeur du chocolat acheté par les consommateurs, les commerçants, les industriels, les chocolatiers. Les distributeurs se partagent les 90 ou 95 % du prix final. Le combat des producteurs, est celui des prix justes, équitables et transparents, la nécessaire préservation et protection de l’écosystème ». Aussi a-t-il dénoncé les pays producteurs qui se livrent à une espèce de concours Lépine, par le biais de données tronquées.
Joseph Kapo