



Infrastructures
«Utilisons les chemins de fer pour faire l’intégration»
Adama Luc Sorgho, Ministre Burkinabé du Développement
Le Ministre burkinabé des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, fait partie des représentants gouvernementaux qui ont fait forte impression lors du récent troisième sommet africain sur le financement des infrastructures tenu du 28 au 30 octobre 2025 à Luanda, en Angola. Le panel de haut niveau tenu le 29 octobre dernier lui offert l’occasion de décliner la vision de son pays, le Burkina Faso, les infrastructures à réaliser sur le continent, la stratégie pour y aller.
«Il faut que l’Afrique se réveille. Personne ne viendra développer notre continent pour nous. Nous avons des matières premières, des minerais qui dorment parce qu’on attend toujours», exhorte- t -il. Entretien exclusif.
Monsieur le Ministre pourriez-vous nous parler davantage des projets ferroviaires dont vous avez fait cas ce 29 octobre 2025 lors du Sommet de Luanda ?
Merci de vous intéresser au Burkina Faso. Nous avons de grands projets d’infrastructures, notamment ferroviaires parce que les rails sont pour nous une priorité. Le chemin de fer est pour nous le moyen le plus sûr pour assurer l’intégration africaine. Pour ce faire, nous avons créé le Faso Rail, une Société nationale de construction de rails. Nous avons une bretelle qui va de Kaya au au Togo. Le Togo se joint au corridor qui va jusqu’au port de Lomé. Nous avons le Tchad qui nous a rejoint. Dans le cadre de la réalisation de nos projets ferroviaires, nous avons créé des Brigades pour faire des terrassements. Nous allons partager cette expérience avec les autres pays. Chaque pays commence un projet par ses propres moyens. Si on attend toujours les investisseurs, ça va prendre longtemps.
Qu’est-ce qui justifie selon vous, le retard accusé par le continent en matière de développement des infrastructures ?
A l’époque coloniale, ils ont commencé par le chemin de fer pour transporter les minerais, les matières premières jusqu’aux ports. Aujourd’hui, nous pouvons utiliser les chemins de fer pour faire l’intégration. .L’Union Africaine doit prendre le devant pour en faire une priorité, faire en sorte que chaque pays puisse s’engager .Et ils sont là juste pour s’assurer que les études sont faites et on va chercher les partenaires .Mais en attendant, nous sensibilisons notre diaspora…Quand elle sait que ce travail est fait pour l’intérêt commun, elle va participer .Je suis sûr que d’autres pays vont venir .Ça fait combien de temps nous parlons de ce projet de chemin de fer ? Ça traine car, c’est un investissement lourd. Aujourd’hui, l’Afrique traine car, nous comptons toujours sur les autres. Nous voulons utiliser les chemins de faire pour engager l’intégration, en attendant de trouver les investisseurs, il faut que nous commencions.
Monsieur le ministre, pourriez-vous évoquer d’autres chemins de fer ?
Nous avons aussi le chemin de fer Ouagadougou Tema-Accra. C’est depuis 2015 que nous cherchons des partenaires et ça traine. Nous avons près de 324 km. L’Union Africaine est là, elle doit prendre le devant. Nous avons commencé avec nos brigades qui vont faire le terrassement quitte à ce qu’un partenaire vienne.
Monsieur le Ministre quelles sont vos attentes de ce Sommet de Luanda ?
L’Afrique doit compter sur elle-même. Personne d’autre ne viendra développer l’Afrique .Je suis sûr qu’on peut .L’essentiel est de lancer le projet. Dès que vous lancez le projet, d’autres partenaires vont venir pour faire du gagnant -gagnant. D’où mon message, Afrique unissons-nous, mettons-nous la main dans la main pour pouvoir développer nos pays. Nous avons le chemin de fer Ouagadougou -Accra dont les études sont déjà disponibles, pour ce qui est du chemin de fer de l’AES, on a déjà lancé les études du fait qu’au bout d’un an, on puisse avoir les études de faisabilité et s’organiser pour démarrer les travaux. On va aller ensemble voir les investisseurs pour des projets qui iront depuis Bamako, le Niger, le Tchad. C’est le corridor en mode PPT -BOT.
Quelle pourra être son importance en ce moment d’implémentation de la ZLECAF ?
Aujourd’hui, la ZLECAF doit pouvoir s’impliquer sérieusement car, le chemin de fer pour la libre-circulation est incontournable. C’est pour nous le moyen le plus sûr pour l’intégration africaine. Quand vous prenez une route, vous avez les tracasseries. Avec le chemin de fer aujourd’hui, vous prenez votre véhicule vous le mettez dans le wagon et vous allez faire vos affaires à Accra. À la fin, vous remettez votre véhicule derrière les transports de masse, c’est la voie à suivre en matière d’intégration .Il faut que la ZLECAF puisse nous accompagner.
Monsieur le Ministre, c’est la fin de cet entretien. Auriez-vous un message final ? Oui. Mon dernier message, c’est qu’il faut que l’Afrique se réveille. Personne ne viendra développer notre continent pour nous. Nous avons des matières premières, des minerais qui dorment parce qu’on attend toujours.
Merci
Interview réalisée par Joseph Kapo, à Luanda







